Principaux faits
- Les morsures d’animaux porteurs de venin, de toxines ou d’agents pathogènes sont à l’origine d’une morbidité et d’une mortalité importantes dans le monde.
- Chaque année, jusqu’à 5 millions de personnes dans le monde sont mordues par des serpents. Dans près de 50 % des cas, le plus souvent en Afrique et en Asie du Sud-Est, la morsure provoque une envenimation qui nécessite une intervention médicale rapide avec un antivenin adapté.
- Les morsures de chiens sont à l’origine de dizaines de millions de blessures par an, et les enfants sont les plus exposés à ce risque.
- La rage, qui peut être transmise par une morsure de chien, de chat, de chauve-souris ou de singe, constitue un problème de santé important.
Vue d’ensemble
Les conséquences d’une morsure sur la santé dépendent de l’état de santé de l’animal et de l’espèce à laquelle il appartient, de la taille et de l’état de santé de la personne mordue, mais également de l’accès à des soins adaptés. Les morsures d’animaux sont particulièrement préoccupantes chez les enfants, qui représentent plus de la moitié des victimes.
Des animaux de nombreuses espèces peuvent mordre les humains, mais les morsures d’animaux domestiques sont beaucoup plus fréquentes que celles d’animaux sauvages. D’autre part, une plaie infectée peut entraîner une maladie grave ou le décès de la victime. Dans la plupart des cas, la meilleure manière de réagir face à une morsure d’animal est de prodiguer, en temps opportun, les soins adaptés à la personne mordue, et d’identifier l’animal à l’origine de l’attaque. Parmi les animaux responsables des morsures ou de piqûres préoccupantes, on compte :
- les serpents ;
- les chiens ;
- d’autres vertébrés, comme les chats, les singes, les rongeurs et les chauves-souris, entre autres animaux sauvages ;
- des invertébrés, notamment certaines espèces d’insectes, d’araignées, de scorpions, de méduses, d’oursins ou encore les raies pastenagues.
Morsures de serpent
Ampleur du problème
Chaque année, près de 5 millions de personnes dans le monde sont mordues par des serpents. Parmi elles, entre 94 000 et 125 000 personnes décèdent des complications liées à l’envenimation, ou, dans 400 000 cas, souffrent d’un handicap à la suite de la blessure.
Qui est le plus exposé au risque ?
C’est dans les zones rurales défavorisées d’Afrique et d’Asie du Sud-Est que le risque de morsure de serpent est le plus élevé, en particulier chez les travailleurs agricoles, les femmes et les enfants.
Traitement
Il est essentiel de consulter rapidement un médecin. En cas de morsure de serpent, la conduite à tenir est la suivante :
- immobiliser immédiatement et totalement la partie du corps touchée et conduire rapidement la personne jusqu’à l’établissement médical le plus proche ;
- nettoyer les plaies pour réduire le risque d’infection ;
- éviter de poser un garrot ou d’inciser la plaie ;
- traiter la victime avec un sérum antivenimeux adapté aux serpents endémiques de la région ;
- rassurer la victime, assurer une assistance ventilatoire ; et
- administrer un vaccin antitétanique si la personne n’a pas été correctement vaccinée.
Prévention des morsures de serpent et de leurs conséquences sur la santé
Pour prévenir les morsures de serpent, il est nécessaire de sensibiliser les populations à ce sujet et de faire connaître les moyens de prévention. Il est notamment conseillé de porter des chaussures et des bottes de protection, d’empêcher les rongeurs de proliférer dans les zones de stockage, de surélever les lits et de dormir sous une moustiquaire bordée sous le matelas.
Les prestataires de soins doivent être formés à la prise en charge des morsures de serpent. Les autorités de santé publique et les décideurs politiques devraient veiller à ce que les populations aient accès à des sérums antivenimeux sûrs et efficaces.
Morsures de chien
Ampleur du problème
S’il n’existe pas d’estimation mondiale de l’incidence des morsures de chien, des études révèlent que ces blessures se comptent en dizaines de millions par an. Aux États-Unis d’Amérique, par exemple, environ 4,5 millions de personnes sont mordues par des chiens chaque année. Les données issues des pays à revenu faible ou intermédiaire, bien que moins complètes, indiquent que les chiens représentent 76 % à 94 % des morsures d’animaux.
Le risque de contracter la rage, l’accès limité à des soins adaptés et le manque de moyens pour traiter les patients après exposition sont autant de raisons qui expliquent que les taux de létalité des morsures de chien soient plus élevés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé. On estime que 59 000 personnes meurent de la rage chaque année, la majorité d’entre elles à la suite d’une morsure de chien enragé. Bien que la vaccination permette d’éviter la rage et qu’il soit possible de sauver les victimes en leur administrant un traitement prophylactique postexposition peu de temps après la morsure, la maladie est fatale et aucun traitement n’est efficace après l’apparition des symptômes.
Qui est le plus exposé au risque ?
La population la plus touchée par les morsures de chien est celle des jeunes entre le milieu et la fin de l’enfance. Le risque accru de blessure à la tête et au cou explique un plus grand nombre de cas graves et d’interventions médicales, ainsi que des taux de mortalité plus importants que chez les adultes.
Dans certains pays, les hommes sont plus souvent victimes de morsures de chien que les femmes. Ces morsures représentent en outre plus de 50 % des blessures infligées aux voyageurs par des animaux. Le plus souvent, les animaux mordent lorsqu’on tente de les nourrir ou de les toucher. Les attaques spontanées s’expliquent généralement par la présence de chiens enragés.
Traitement
Pour décider d’un traitement adapté, il faut prendre en compte la localisation de la morsure, l’état de santé général de la personne mordue et savoir si le chien est vacciné contre la rage ou non. Il est conseillé de garder le chien en quarantaine pendant 10 jours, sous la surveillance d’un vétérinaire, en coordination avec les autorités locales de santé publique. En cas de morsure de chien, la conduite à tenir est la suivante :
- assurer une prise en charge médicale rapide ;
- nettoyer la plaie avec du savon et la rincer à l’eau courante pendant 15 minutes ;
- si le risque d’infection est faible, suturer la plaie ;
- en cas d’immunodéficience ou de fort risque d’infection, administrer des antibiotiques prophylactiques ;
- si le chien n’est pas vacciné, mettre en œuvre une prophylaxie postexposition (en anglais) ; et
- administrer un vaccin antitétanique si la personne n’a pas été correctement vaccinée.
Prévention des morsures de chien et de leurs conséquences sur la santé
Les populations, en particulier les enfants (en anglais), doivent connaître les risques que représentent les morsures de chien, et les moyens de les prévenir. Il est par exemple conseillé d’éviter de s’approcher des chiens errants et de ne jamais laisser un enfant sans surveillance en présence d’un chien.
Les prestataires de soin doivent également être formés à la prise en charge des morsures de chien. Les autorités sanitaires et les décideurs politiques doivent lutter contre la rage dans la population canine, assurer un approvisionnement suffisant en vaccins antirabiques et donner accès à un traitement postexposition aux personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus.
Morsures d’autres vertébrés : chats, singes, chauves-souris et rongeurs
Ampleur du problème
Morsures de chat : les morsures de chat représentent 2 % à 50 % des morsures d’animaux dans le monde et leur incidence est la deuxième plus importante après celle des morsures de chien. Elle atteint, par exemple, 18 cas pour 100 000 habitants en Italie. Chaque année aux États-Unis d’Amérique, 66 000 visites aux urgences sont dues aux morsures de chat. Ces dernières entraînent fréquemment des infections rabiques ou d’autres infections provoquées par la transmission de bactéries du genre Bartonella, Brucella, Leptospira, ou Campylobacter. Une morsure de chat présente un risque d’infection deux fois plus important qu’une morsure de chien.Morsures de singe : les morsures de singe représentent de 2 % à 21 % des morsures d’animaux. Selon deux études menées en Inde, ce sont les morsures les plus fréquentes après les morsures de chien. Les morsures de singe sont susceptibles de transmettre la rage, certains rétrovirus spécifiques aux singes, le virus de l’herpès B, la variole simienne, ainsi que des infections liées aux bacilles Salmonella et Campylobacter.
Morsures de chauve-souris : partout dans le monde, les chauves-souris sont considérées comme une espèce-réservoir pour le virus de la rage. Il est pourtant difficile de détecter le risque d’exposition en cas de morsure, car celle-ci ne laisse pas toujours de trace reconnaissable. Il n’existe pas d’étude mondiale sur les morsures de chauve-souris, bien que l’espèce soit à l’origine du plus grand nombre de décès dus à la rage aux États-Unis d’Amérique. En Amérique latine, les morsures de chauves-souris hématophages représentent également un risque de contracter la maladie.
Morsures de rongeur ou d’autre animal sauvage : les morsures de rat, de souris, d’écureuil, de tamia et de furet sont fréquentes. Les rongeurs domestiques sont rarement porteurs de la rage, mais leur morsure peut entraîner des infections dues aux bacilles Leptospira et Salmonella, ainsi que des infections à hantavirus.
Aux États-Unis d’Amérique, les morsures de raton laveur, de mouffette et de renard sont souvent associées à une exposition à la rage. Les infections potentiellement transmises par les oiseaux, quant à elles, ne représentent que rarement un danger mortel, bien qu’en cas d’atteinte d’un organe vital, la blessure doive faire l’objet d’une attention particulière.
Qui est le plus exposé au risque ?
Morsures de chat : la population la plus touchée par les morsures de chat est celle des femmes adultes. Cependant, comme pour les morsures de chien, la gravité des blessures est plus importante chez les enfants, en particulier en cas d’atteinte au visage, au cou ou à la tête.
Morsures de singe : les morsures de singe sont les plus fréquentes chez les voyageurs, après les morsures de chien. Les personnes les plus exposées aux morsures de singe en raison de leur travail ou de leurs loisirs sont les vétérinaires, les zoologues, les professionnels dans le domaine du contrôle animal ou au contact d’animaux sauvages, les chasseurs et les trappeurs.
Morsure de chauve-souris : l’exposition aux morsures de chauve-souris est souvent liée à des activités professionnelles ou à des loisirs impliquant la manipulation de ces animaux, qui concerne notamment les professionnels du contrôle animal, le personnel vétérinaire et les zoologues. Ce risque concerne également les voyageurs présents dans les régions d’enzootie de la rage.
Morsure de rongeur ou d’animal sauvage : élever un rongeur comme animal de compagnie représente un grand risque de morsure, en particulier lorsqu’il s’agit de le nourrir ou de le manipuler.
Toute morsure d’animal sauvage est considérée comme présentant un risque.
Traitement
Pour décider du traitement adapté, il faut prendre en compte l’espèce concernée, la localisation et la sévérité de la plaie, l’incidence de la rage dans la région, et savoir si l’animal à l’origine de la blessure est vacciné ou non. En cas de morsure de vertébré, la conduite à tenir est la suivante :
- assurer une prise en charge médicale rapide ;
- irriguer la plaie et la nettoyer au savon et à l’eau courante pendant 15 minutes ;
- administrer des antibiotiques prophylactiques pour limiter le risque d’infection ;
- si l’animal n’est pas vacciné, mettre en œuvre une prophylaxie postexposition ; et
- administrer un vaccin antitétanique si la personne n’est pas correctement vaccinée.
Prévention des morsures d’animaux et de leurs conséquences sur la santé
Les habitants, comme les voyageurs, doivent connaître les risques que représentent les morsures d’animaux et les moyens de les prévenir. Il est notamment conseillé de vacciner les chats domestiques contre la rage, d’éviter les contacts avec les animaux sauvages, et de demander de l’aide à des professionnels du contrôle animal ou à un organisme de santé publique.
Les prestataires de soins, les autorités sanitaires et les décideurs politiques doivent s’assurer que les vaccins antirabiques soient disponibles et surveiller le niveau d’infection des populations animales.
Piqûres infligées d’invertébrés : insectes, araignées, scorpions, méduses, oursins et raies pastenagues
Ampleur du problème
Les piqûres d’abeille, de guêpe, de fourmi, de frelon, d’araignée venimeuse ou de scorpion peuvent avoir différentes conséquences sur la santé, allant d’un léger inconfort à une réaction allergique potentiellement mortelle.
Les piqûres d’espèces tropicales d’invertébrés telles que les méduses, les raies pastenagues ou les oursins peuvent également provoquer différentes réactions, légères ou potentiellement mortelles, à la suite d’une envenimation.
Qui est le plus exposé au risque ?
Ces piqûres représentent un risque important pour les personnes immunodéficientes ou allergiques au venin des insectes.
L’exposition aux invertébrés marins est favorisée par certains loisirs, comme la natation, le surf, ou la marche sur la plage.
Traitement
Pour décider d’un traitement adapté, il faut prendre en compte l’espèce de l’animal, la localisation de la piqûre, les symptômes cliniques et une éventuelle réaction allergique. En cas de piqûre d’invertébré, la conduite à tenir est la suivante :
- assurer une prise en charge médicale rapide ;
- en cas de piqûre de scorpion, nettoyer la zone concernée à l’eau et au savon et appliquer une compresse froide dès que possible ;
- en cas de piqûre d’invertébré marin, nettoyer la zone avec de l’eau de mer et, dès que possible, l’immerger dans de l’eau chaude (45◦C) pendant 20 minutes pour soulager la douleur ;
- prêter attention à d’éventuels signes témoignant de difficultés respiratoires, d’une réaction allergique aiguë ou d’une anaphylaxie ;
- le cas échéant, administrer un antivenin adapté ; et
- administrer des antibiotiques prophylactiques pour réduire le risque d’infection.
Prévention des piqûres d’invertébrés et de leurs conséquences sur la santé
Les voyageurs et les populations des régions concernées doivent connaître les risques que représentent les piqûres d’invertébrés et les moyens de les prévenir. Il est notamment conseillé d’éviter les contacts avec les invertébrés et de porter des vêtements de protection lors des activités en extérieur.
Le personnel soignant doit être formé à la prise en charge de ces blessures et connaître les différents symptômes cliniques qui peuvent se manifester chez les patients, y compris les potentielles réactions allergiques découlant de l’envenimation.
Action de l’OMS
L’OMS s’emploie à résoudre le problème de santé publique que représentent les morsures d’animaux.
Pour en savoir plus, référez-vous aux principaux repères sur l’envenimation par morsure de serpent et aux principaux repères sur la rage.
En ce qui concerne les autres morsures d’animaux, l’OMS donne la priorité aux initiatives de collecte de données destinées à estimer la charge de morbidité et les facteurs de risque, préconise le renforcement des systèmes d’intervention d’urgence et encourage les initiatives de recherche qui mettent l’accent sur l’efficacité des interventions de prévention et se concentrent sur les populations les plus touchées.
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