L’essentiel
- Le choléra est une maladie diarrhéique sévère, dont on peut mourir en quelques heures en l’absence de traitement. L’accès rapide audit traitement est donc crucial.
- Selon les études, on estime qu’il y a chaque année dans le monde 1,3 à 4,0 millions de cas de choléra, et 21 000 à 143 000 décès dus à cette maladie. (1)
- La plupart des personnes atteintes de choléra ne présentent aucun symptôme ou seulement des symptômes bénins et peuvent être traitées avec succès avec des sels de réhydratation orale (SRO). Les cas graves doivent recevoir des solutés intraveineux, une solution de réhydratation orale et des antibiotiques.
- L’accès de la population à une eau sans risque sanitaire et aux services élémentaires d’assainissement et d’hygiène (WASH) est essentiel pour prévenir le choléra.
- Le vaccin anticholérique oral (VCO) peut aider à prévenir et à combattre le choléra.
Vue d’ensemble
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par la consommation d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Il s’agit d’une menace mondiale pour la santé publique, conséquence des inégalités comme des carences du développement social et économique. L’accès à l’eau potable, à l’assainissement de base et à l’hygiène est essentiel pour prévenir le choléra et d’autres maladies d’origine hydrique.
La plupart des personnes atteintes de choléra ont une diarrhée légère ou modérée et peuvent être traitées avec succès avec des sels de réhydratation orale (SRO). Cependant, la maladie peut progresser rapidement et il est donc essentiel d’entamer rapidement le traitement pour sauver des vies. Des solutés intraveineux, des SRO et des antibiotiques doivent être administrés aux patients.
Les pays doivent renforcer la surveillance épidémiologique et de laboratoire pour pouvoir détecter rapidement les flambées épidémiques, en assurer le suivi et orienter la riposte.
Symptômes
Le choléra peut provoquer une diarrhée aqueuse aiguë sévère qui, en l’absence de traitement, peut causer la mort en quelques heures. La plupart des personnes infectées par V. cholerae ne développent pas de symptômes, mais peuvent propager la bactérie par leurs selles pendant 1 à 10 jours. Les symptômes apparaissent 12 heures à 5 jours après l’infection (2).
La plupart des personnes atteintes de la maladie présentent des symptômes bénins à modérés. Chez une minorité de malades néanmoins, on observe une diarrhée aqueuse aiguë sévère accompagnée d’une déshydratation qui met en jeu la vie du patient.
Historique
Le choléra sévit depuis des siècles. La première pandémie de cette maladie (c’est-à-dire la première épidémie de portée mondiale) date du XIXe siècle. Depuis lors, six pandémies ont emporté des millions de personnes dans le monde. La pandémie actuelle (la septième) a démarré en Asie du Sud en 1961 et continue de toucher différentes populations dans le monde.
Souches de Vibrio cholerae
Seuls deux sérogroupes, O1 et O139, causent des épidémies de choléra. V. cholerae O1 est à l’origine de toutes les épidémies récentes. V. cholerae O139 a provoqué des flambées dans le passé, mais n’est désormais plus identifié que dans des cas sporadiques. La maladie causée par les deux sérogroupes est la même.
Épidémiologie, facteurs de risque et charge de morbidité
Les épidémies de choléra sont régulières dans certains pays. Dans d’autres, elles sont moins fréquentes et des années peuvent s’écouler entre elles. Le choléra se développe lorsque l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires de base est limité et que les pratiques d’hygiène sont déficientes. Cela peut-être le cas lors de conflits, en cas de déplacements de population ou d’événements climatiques (cyclones, inondations ou sécheresses) ou lorsque les investissements dans l’entretien et l’amélioration des services et des infrastructures d’eau, d’assainissement et d’hygiène sont insuffisants.
Le nombre de cas de choléra notifiés à l’OMS a continué d’augmenter ces dernières années. En 2022, 535 321 cas et 4007 décès, dans 45 pays, ont été notifiés à l’Organisation (3). L’écart entre ces chiffres et les estimations des chercheurs tient aux limitations des systèmes de surveillance et au fait que certains cas ne sont pas signalés par crainte des répercussions sur les échanges commerciaux et le tourisme.
Prévention et lutte
Pour prévenir et maîtriser le choléra, il faut tout à la fois renforcer la surveillance ; améliorer l’eau, l’assainissement et l’hygiène ; renforcer la communication sur les risques et la mobilisation communautaire ; améliorer l’accès à un traitement de qualité et mettre en œuvre des campagnes de vaccination anticholériques.
Surveillance
La surveillance du choléra devrait s’inscrire dans le cadre d’un système de surveillance intégrée des maladies incluant des modalités rapides de notification, d’analyse et d’interprétation de données et de communication d’informations du niveau local au niveau mondial. Les tests de diagnostic rapide (TDR) sont utiles pour détecter les épidémies probables de choléra, mais la confirmation nécessite des analyses en laboratoire par culture, séroagglutination ou réaction en chaîne par polymérase (PCR).
Les pays à risque ou touchés par le choléra doivent renforcer leurs systèmes de surveillance conformément aux recommandations révisées du Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC) afin de pouvoir détecter et combattre rapidement les flambées épidémiques.
Plus d’informations sur les recommandations du GTFCC
Interventions en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH)
À longue échéance, la solution pour endiguer le choléra passera par le développement économique et l’accès universel à l’eau potable, aux services d’assainissement de base et aux bonnes pratiques d’hygiène. Les interventions WASH peuvent aider à prévenir de nombreuses maladies d’origine hydrique, y compris le choléra, et contribuer aux objectifs de développement durable. Au cours des flambées, la mise en place d’activités WASH permettra de réduire la transmission du choléra. Ces activités consiste à améliorer l’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les établissements de soins, à surveiller la qualité de l’eau, à distribuer des kits WASH aux communautés et à promouvoir des pratiques d’hygiène protectrices.
Traitement
Le choléra est une maladie facile à traiter et l’administration rapide de SRO permet de soigner avec succès la plupart des patients. Les malades gravement déshydratés risquent de mourir de déshydratation et l’administration rapide de liquide par voie intraveineuse s’impose alors ; une solution de réhydratation orale et des antibiotiques leur sont également administrés. Les patients présentant des affections sous-jacentes ou des comorbidités pourraient avoir besoin de soins supplémentaires dans des centres de traitement spécialisés. Le taux de létalité dans les centres de traitement doit rester inférieur à 1 %.
L’accès communautaire aux SRO est essentiel lors d’une flambée de choléra. On ne recommande pas l’administration de masse d’antibiotiques à visée préventive (chimioprophylaxie), qui n’a aucun effet avéré sur la propagation de la maladie et pourrait favoriser la résistance aux antimicrobiens.
Mobilisation communautaire
La mobilisation communautaire suppose de collaborer avec les personnes et les communautés pour mettre au point et déployer des programmes visant à combler leurs besoins. Les pratiques culturelles et les croyances locales jouent un rôle déterminant dans la promotion des pratiques protectrices telles que le lavage des mains au savon et à l’eau, la préparation et la conservation sans danger des aliments et de l’eau et l’élimination en toute sécurité des selles. Les pratiques funéraires doivent être adaptées pour les personnes qui sont décédées du choléra, afin de prévenir l’infection parmi les participants aux cérémonies. Les communautés doivent participer aux décisions concernant l’emplacement des points de réhydratation orale (PRO) et les autres interventions communautaires contre la maladie.
La mobilisation communautaire est essentielle pour communiquer efficacement sur les risques et symptômes potentiels du choléra, les précautions à prendre, les modalités pratiques de notification (à quel moment et à qui signaler les cas) et l’importance qu’il y a de consulter immédiatement si des symptômes apparaissent.
Vaccins anticholériques oraux
Il existe actuellement trois vaccins anticholériques oraux (VCO) préqualifiés par l’OMS : Dukoral®, Euvichol-Plus® et Euvichol-S®. Pour chacun d’eux, deux doses doivent être administrées pour une protection complète de l’adulte. Une dose d’Euvichol-Plus® ou d’Euvichol-S® confère une bonne protection à court terme. Euvichol-S®, préqualifié par l’OMS en 2024, est une version simplifiée d’Euvichol-Plus®. Le vaccin Shancol n’est plus produit.
Euvichol-Plus® et Euvichol-S® sont administrés sans solution tampon à tout sujet de plus d’un an. Il s’agit des seuls vaccins actuellement disponibles pour les campagnes de vaccination de masse au moyen du stock mondial de VCO, avec le soutien de Gavi, l’Alliance du vaccin. Depuis octobre 2022, en raison de la pénurie mondiale actuelle de vaccins, et avec l’accord du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE), seuls les schémas vaccinaux à dose unique sont utilisés.
L’utilisation du VCO ne présente aucun risque pendant la grossesse.
Plus d’informations sur la politique de l’OMS en matière de VCO
Kits contre le choléra
L’OMS a mis au point six kits contre le choléra à l’appui des investigations visant à confirmer les flambées de choléra et pour le traitement des patients :
- 1 kit pour les investigations ;
- 1 kit accompagné de fournitures pour la confirmation par culture en laboratoire ;
- 3 kits pour les traitements aux niveaux communautaire, périphérique et central ;
- 1 kit de soutien logistique contenant du matériel tel que des lampes solaires, du matériel pour clôtures, des réservoirs à eau et des robinets.
Chaque kit de traitement contient suffisamment d’articles pour traiter 100 patients.
Plus d’informations sur les kits contre le choléra (en anglais)
Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC)
Le Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (GTFCC) est un partenariat fédérant organisations gouvernementales et non gouvernementales, organismes des Nations Unies et établissements universitaires autour de la mission de réduire la charge mondiale du choléra. Le secrétariat du GTFCC est hébergé par l’OMS. Les partenaires du GTFCC sont chargés :
- d’élaborer des stratégies mondiales pour prévenir et combattre le choléra ;
- d’aider les pays à combattre ou à éliminer le choléra à long terme en élaborant des plans nationaux de lutte contre le choléra ;
- d’élaborer et de diffuser des lignes directrices techniques et des manuels opérationnels ;
- de soutenir un programme de recherche afin d’évaluer des approches novatrices pour prévenir et combattre le choléra dans les pays touchés ; et
- d’accroître la visibilité du choléra en tant que problème important de santé publique.
En savoir plus sur les principales activités du GTFCC et les progrès accomplis
Mettre fin au choléra : une feuille de route jusqu’à 2030
En 2017, le GTFCC a publié la stratégie Mettre fin au choléra : feuille de route mondiale pour 2030. Celle-ci vise à faire baisser de 90 % le nombre des décès dus au choléra et à éliminer la maladie dans pas moins de 20 pays d’ici à 2030, par les moyens suivants :
- détection et endiguement précoces des flambées moyennant une riposte multisectorielle rapide ;
- une importance particulière accordée aux zones d’interventions multisectorielles prioritaires (PAMI), ces zones relativement peu étendues qui sont les plus touchées par la maladie ; et
- un dispositif efficace de coordination couvrant l’appui technique, la sensibilisation, la mobilisation de ressources et les partenariats au niveau local et mondial.
Cette stratégie a été approuvée à la Soixante et Onzième Assemblée mondiale de la Santé en 2018.
En savoir plus sur la stratégie
Action de l’OMS
Le programme OMS de lutte contre le choléra s’attache à sensibiliser à la maladie et plaide pour une lutte au niveau mondial. Au niveau des États Membres, l’OMS apporte son soutien aux pays dans tous les piliers de la lutte contre le choléra : renforcement de la surveillance épidémiologique et des capacités de laboratoire ; amélioration de l’accès aux traitements et de leur qualité ; respect de pratiques appropriées en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène et de lutte anti-infectieuse ; mobilisation communautaire pour prévenir et combattre le choléra ; et amélioration de l’accès au VCO et appui à la conduite des campagnes. L’OMS et ses partenaires soutiennent également la recherche pour élaborer des stratégies novatrices de prévention et de lutte.
L’OMS héberge le secrétariat du GTFCC et elle est membre du mécanisme de coordination des stocks de vaccination d’urgence, géré par le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins (GIC).
Références bibliographiques
1. Updated global burden of cholera in endemic countries.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4455997/
Ali M, Nelson AR, Lopez AL, Sack D. (2015). PLoS Negl Trop Dis 9(6): e0003832. doi:10.1371/journal.pntd.0003832.
2. The incubation period of cholera: a systematic review.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23201968
Azman AS, Rudolph KE, Cummings DA, Lessler J. J Infect. 2013;66(5):432-8. doi: 10.1016/j.jinf.2012.11.013. PubMed PMID: 23201968; PubMed Central PMCID: PMC3677557.
3. Choléra, 2023
Relevé épidémiologique hebdomadaire, 9 septembre 2024, Vol 99 (36), (pp 481- 496). https://cdn.who.int/media/docs/default-source/dco/wer_36_2024_cholera-annual-report-for-2023_bilingual-proof.pdf?sfvrsn=86fb1faf_1