Présentation
L’expression « affections ostéo-articulaires et musculaires » recouvre plus de 150 affections de l’appareil locomoteur. Ces affections vont d’atteintes soudaines et de courte durée, comme les fractures, les entorses et les foulures, à des états pathologiques durables provoquant des limitations fonctionnelles et des handicaps permanents.
Les affections ostéo-articulaires et musculaires sont généralement caractérisées par des douleurs (souvent persistantes) et des limitations de la mobilité, de la dextérité et du niveau global de fonctionnement, et réduisent donc la possibilité de travailler. Les affections ostéo-articulaires et musculaires englobent des pathologies qui touchent :
- Les articulations, comme l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite psoriasique, la goutte, la spondylarthrite ankylosante ;
- Les os, comme l’ostéoporose, l’ostéopénie et les fractures dues à la fragilité osseuse, les fractures d’origine traumatique ;
- Les muscles, comme la sarcopénie ;
- Le dos, comme les dorsalgies et les cervicalgies ;
- Différents systèmes ou régions du corps, comme les douleurs régionales ou étendues et les maladies inflammatoires telles que les atteintes du tissu conjonctif ou la vascularite qui ont des manifestations ostéo-articulaires et musculaires, par exemple le lupus érythémateux disséminé.
Les affections ostéo-articulaires et musculaires sont également, au niveau mondial, le principal motif de la demande de soins de réadaptation. Elles sont parmi les principaux motifs de soins de réadaptation chez l’enfant et sont à l’origine des deux tiers environ des demandes de soins de réadaptation chez l’adulte.
Ampleur du problème
Il ressort d’une analyse récente des données sur la charge mondiale de morbidité qu’environ 1,71 milliard de personnes dans le monde sont atteintes d’affections ostéo-articulaires et musculaires (1). Bien que la prévalence de ces affections varie selon l’âge et le diagnostic, des personnes de tous âges partout dans le monde sont touchées. Les pays à revenu élevé sont les plus touchés si l’on tient compte du nombre de personnes concernées (441 millions), suivis des pays de la Région du Pacifique occidental (427 millions) et des pays de la Région de l’Asie du Sud-Est (369 millions). Les affections ostéo-articulaires et musculaires sont également le principal facteur d’années vécues avec un handicap (AVH) dans le monde avec environ 149 millions d’AVH, ce qui représente 17 % de toutes les AVH dans le monde.
Les lombalgies sont le principal facteur contribuant à la charge globale des affections ostéo-articulaires et musculaires. Parmi les autres facteurs, on trouve les fractures, qui touchent 436 millions de personnes dans le monde, l’arthrose (343 millions), d’autres traumatismes (305 millions), les cervicalgies (222 millions), les amputations (175 millions) et la polyarthrite rhumatoïde (14 millions) (1).
Leur prévalence augmente avec l’âge, mais les personnes jeunes sont aussi touchées, souvent à l’âge où leurs revenus sont les plus élevés. Les lombalgies, par exemple, sont le principal motif de sortie prématurée du marché du travail. L’impact de la cessation d’activité précoce sur la société en termes de coûts directs des soins de santé et de coûts indirects (absentéisme au travail ou perte de productivité) est énorme. Les affections ostéo-articulaires et musculaires sont aussi fortement associées à une dégradation importante de la santé mentale et du fonctionnement. Les projections montrent que le nombre de personnes atteintes de lombalgie augmentera à l’avenir, et encore plus rapidement dans les pays à faible revenu ou intermédiaire (2).
L’outil de l’OMS pour estimer les besoins de réadaptation (en anglais) est un moyen exceptionnel de rechercher des données sur la prévalence au niveau national, régional ou mondial ainsi que des données sur les AVH liées aux affections ostéo-articulaires et musculaires.
Action de l’OMS
En 2017, l’OMS a lancé l’initiative Réhabilitation 2030 pour montrer que, partout dans le monde, les besoins en matière de soins de réadaptation sont immenses et non satisfaits et pour souligner qu’il est important de renforcer les systèmes de santé afin qu’ils assurent des services de réadaptation. Cette initiative reflète une nouvelle approche stratégique pour la communauté mondiale de la réadaptation en soulignant que :
- La réadaptation devrait être disponible pour toute la population et à toutes les étapes de la vie, notamment pour toutes les personnes atteintes d’affections ostéo-articulaires et musculaires.
- Les efforts visant à renforcer la réadaptation devraient être orientés vers le soutien des systèmes de santé dans leur ensemble et l’intégration de la réadaptation à tous les niveaux de soins.
- La réadaptation est un service de santé essentiel et est indispensable pour parvenir à une couverture sanitaire universelle.
L’initiative a été lancée en grande partie parce que de nombreux pays ne sont pas en mesure de répondre aux besoins existants en matière de réadaptation, y compris ceux des personnes atteintes d’affections ostéo-articulaires et musculaires, et moins encore à l’augmentation prévue compte tenu de l’évolution de la situation sanitaire et démographique. La réadaptation n’est souvent pas considérée comme une priorité dans les pays et les ressources qui y sont consacrées restent insuffisantes. Par conséquent, d’innombrables personnes n’ont pas accès aux services de réadaptation, ce qui entraîne une aggravation de leur état, d’autres complications et des conséquences à vie. Dans certains pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 50 % des personnes ne bénéficient pas des services de réadaptation dont elles ont besoin.
L’OMS a déjà aidé plus de 20 pays dans toutes les régions du monde à renforcer leurs systèmes de santé afin d’être mieux à même de fournir des services de réadaptation. Le nombre de pays qui demandent un appui technique à l’OMS ne cesse d’augmenter.
Pour en savoir plus sur l’initiative Réhabilitation 2030 (en anglais), cliquez ici.
L’OMS élabore également un ensemble d’interventions pour la réadaptation, y compris dans les cas de fractures des extrémités, d’arthrose, de polyarthrite rhumatoïde, de lombalgie et d’amputation), qui comprendront une liste d’interventions prioritaires fondées sur des données factuelles pour la réadaptation et les ressources nécessaires pour les assurer en toute sécurité et efficacement. Ces interventions seront utiles pour les personnes de tous âges, tout au long du parcours de soins, quelles que soient les modalités de prestation des services et dans toutes les régions du monde, et elles mettront l’accent sur les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Cet ensemble d’interventions sera disponible en ligne en libre accès, pour différents publics cibles. Les ministères de la santé pourront planifier l’intégration des interventions de réadaptation dans leurs services de santé nationaux ; les chercheurs pourront repérer les lacunes en matière de recherche dans le domaine de la réadaptation ; les universitaires pourront élaborer des programmes d’études pour la formation des professionnels de la réadaptation ; et les prestataires de services pourront planifier et mettre en œuvre des interventions spécifiques dans leurs programmes de réadaptation.
Pour en savoir plus sur l’ensemble d’interventions de réadaptation dans les cas d’affections ostéo-articulaires et musculaires (en anglais), cliquez ici .
L’OMS prévoit d’organiser une réunion des parties prenantes sur les affections ostéo-articulaires et musculaires début 2022. Cette réunion vise à prévoir l’application par l’OMS de nouvelles mesures plus concrètes pour renforcer les services de réadaptation dans les cas d’affections ostéo-articulaires et musculaires dans les pays, et à repérer les facteurs qui facilitent ou qui freinent les progrès en matière de réadaptation au niveau mondial.
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(1) Cieza, A., Causey, K., Kamenov, K., Hanson, S. W., Chatterji, S., & Vos, T. (2020). Global estimates of the need for rehabilitation based on the Global Burden of Disease study 2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. The Lancet, 396(10267), 2006-2017.
(2) Hartvigsen J, Hancock MJ, Kongsted A, et al. What low back pain is and why we need to pay attention. Lancet 2018; 391: 2356–67.