Schistosomiasis Control Initiative
Children fishing in a pond. They can come into contact with contaminated water, staring point of Schistosomiasis.
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Schistosomiase

8 janvier 2022

Principaux faits

  • La schistosomiase est une maladie aiguë et chronique provoquée par des vers parasites.
  • Les personnes contractent l’infection dans le cadre de leurs activités agricoles, domestiques, professionnelles ou récréatives habituelles, qui les exposent à une eau contaminée.
  • Le manque d’hygiène et certaines habitudes de jeu, telles que la natation ou la pêche dans des eaux infestées, rendent les enfants d’âge scolaire particulièrement vulnérables à l’infection.
  • La lutte contre la schistosomiase vise à réduire le nombre de malades moyennant le traitement périodique à grande échelle des populations par le praziquantel ; une démarche plus globale, incluant l’accès à l’eau potable et à des moyens d’assainissement appropriés, ainsi que la lutte contre les gastéropodes, devrait aussi faire régresser la transmission.
  • On estimait en 2021 qu’au moins 251,4 millions de personnes avaient besoin d’un traitement préventif contre la schistosomiase, alors que le nombre des personnes traitées était de 75,3 millions.
  • En 2021, la pandémie de COVID-19 et les efforts visant à en atténuer les conséquences ont fait baisser le nombre d’interventions contre les maladies tropicales négligées (MTN) et la couverture du traitement de la schistosomiase.

 

Vue d’ensemble

La schistosomiase est une parasitose aiguë et chronique provoquée par des vers (trématodes) du genre Schistosoma. Selon les estimations, au moins 251,4 millions de personnes avaient besoin d’un traitement préventif en 2021. Le traitement préventif, qui devrait être renouvelé pendant un certain nombre d’années, permettra de réduire et de prévenir la morbidité. La transmission de la schistosomiase est avérée dans 78 pays. Cependant, la chimioprophylaxie de la maladie, dont le but est de traiter à grande échelle les populations et les communautés, n’est nécessaire que dans 51 pays d’endémie où la transmission est de modérée à forte.

Infection et transmission

L’infection chez l’être humain se produit quand les larves du parasite, libérées par des gastéropodes d’eau douce, pénètrent dans la peau lors d’un contact avec de l’eau infestée.

La transmission a lieu quand les personnes atteintes de schistosomiase contaminent les sources d’eau douce avec leurs selles ou leurs urines contenant les œufs du parasite, qui vont y éclore.

Dans l’organisme, les larves se développent et passent au stade du schistosome adulte. Les vers adultes vivent dans les vaisseaux sanguins, où les femelles pondent leurs œufs. Certains des œufs sont évacués dans les selles ou l’urine, ce qui permet au parasite de poursuivre son cycle de vie. D’autres sont piégés dans les tissus, causant des réactions immunitaires et des lésions organiques progressives.

Épidémiologie

Les zones de prévalence de la schistosomiase se situent dans les régions tropicales et subtropicales, notamment dans les communautés les plus pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable ni à des moyens d’assainissement satisfaisants. On estime qu’au moins 90 % des personnes qui ont besoin d’un traitement contre la schistosomiase vivent en Afrique.

Il existe 2 formes principales de schistosomiase : intestinale et urogénitale, provoquées principalement par 5 espèces de vers nématodes.

Tableau : Espèces parasitaires et répartition géographique de la schistosomiase

 Espèces Répartition géographique
  Espèces Répartition géographique
Schistosomiase intestinale Schistosoma mansoni Afrique, Moyen-Orient, Caraïbes, Brésil, Venezuela et Suriname
 Schistosoma japonicum Chine, Indonésie, Philippines
 Schistosoma mekongi Plusieurs districts du Cambodge et de la République démocratique populaire lao
 Schistosoma guineansis et S. intercalatum espèce voisine Zones des forêts tropicales humides en Afrique centrale
Schistosomiase urogénitale Schistosoma haematobium Afrique, Moyen-Orient, Corse (France)

 

La schistosomiase touche essentiellement les communautés pauvres et rurales, en particulier les populations d’agriculteurs et de pêcheurs. Les femmes qui accomplissent leurs tâches domestiques, comme le lavage du linge, dans de l’eau infestée sont également exposées au risque, et peuvent être atteintes de schistosomiase (ou bilharziose) génitale féminine. Le manque d’hygiène et le contact avec de l’eau contaminée rendent les enfants particulièrement vulnérables à l’infection.

L’exode rural et les déplacements de population introduisent la maladie dans de nouvelles régions. La croissance démographique, allant de pair avec une augmentation des besoins en énergie et en eau, est souvent à l’origine de programmes d’aménagement, et de modifications de l’environnement qui facilitent la transmission.

Avec l’essor de l’écotourisme et des voyages dans des régions reculées, un nombre croissant de touristes contractent la schistosomiase. On peut parfois observer des infections aiguës sévères et des problèmes inhabituels pouvant aller jusqu’à une paralysie.

La schistosomiase urogénitale est considérée comme un facteur de risque de l’infection à VIH, en particulier chez la femme.

Symptômes

Les symptômes de la schistosomiase sont principalement causés par la réaction de l’organisme aux œufs du parasite.

La schistosomiase intestinale peut se manifester par des douleurs abdominales, de la diarrhée et l’apparition de sang dans les selles. L’hépatomégalie est courante à un stade avancé et est fréquemment associée à une accumulation de liquide dans la cavité péritonéale et à une hypertension dans les vaisseaux sanguins de l’abdomen. Dans ce cas, il arrive d’observer aussi une splénomégalie.

L’hématurie (sang dans les urines) est le signe classique de la schistosomiase urogénitale. Les lésions rénales et la fibrose de la vessie et de l’uretère sont parfois diagnostiquées à un stade avancé. Le cancer de la vessie est aussi une complication possible à un stade tardif. La femme peut présenter des lésions génitales, des saignements vaginaux, des douleurs pendant les rapports sexuels et des nodules dans la vulve. Chez l’homme, la schistosomiase urogénitale peut provoquer une pathologie des vésicules séminales, de la prostate et d’autres organes. La maladie peut avoir d’autres conséquences irréversibles à long terme, comme la stérilité.

Les conséquences économiques et sanitaires de la schistosomiase sont considérables et cette maladie handicape plus qu’elle ne tue. Chez l’enfant, elle peut causer une anémie, un retard de croissance, une diminution des capacités d’apprentissage mais, avec le traitement, ces effets sont en général réversibles. Dans sa forme chronique, la schistosomiase peut avoir une incidence sur la capacité d’un adulte à travailler et, dans certains cas, entraîner le décès. Le nombre de décès qui lui sont imputables est difficile à estimer en raison des pathologies cachées telles que les insuffisances hépatique et rénale, le cancer de la vessie et les grossesses ectopiques provoquées par la schistosomiase génitale féminine.

On estime que la schistosomiase est responsable actuellement de 11 792 décès par an dans le monde. Cependant, ces chiffres sont probablement sous-estimés et doivent être réévalués.

Diagnostic

Le diagnostic de la schistosomiase repose sur la détection des œufs du parasite dans les selles ou les urines. La présence d’anticorps et/ou d’antigènes dans les échantillons de sang ou d’urine signe également l’infection.

Pour diagnostiquer la schistosomiase urogénitale, on a normalement recours à une technique de filtration avec des filtres en nylon, en papier ou en polycarbonate. Les enfants porteurs de S. haematobium présentent presque toujours une hématurie microscopique détectable au moyen de bandelettes réactives.

En cas de schistosomiase intestinale, on met en évidence les œufs dans les échantillons de matières fécales au moyen de feuilles de cellophane enduites de glycérine colorée au bleu de méthylène ou de lames de verre (technique de Kato-Katz). Dans les zones de transmission de S. mansoni, le test de détection de l’antigène cathodique circulant (CCA) peut également être utilisé.

Pour les personnes vivant dans des zones exemptes de l’endémie ou ou dans lesquelles la transmission est faible, les techniques sérologiques et immunologiques peuvent s’avérer utiles pour mettre en évidence une exposition à l’infection et la nécessité de procéder à des analyses plus poussées, de traiter et d’assurer un suivi.

Prévention et lutte

La lutte contre la schistosomiase repose sur le traitement à grande échelle des groupes de population à risque, l’accès à l’eau potable, l’amélioration de l’assainissement, l’éducation en matière d’hygiène, le changement de comportements, la lutte contre les gastéropodes et l’aménagement de l’environnement.

La nouvelle Feuille de route pour les maladies tropicales négligées 2021-2030, adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé, a fixé comme objectifs mondiaux l’élimination de la schistosomiase en tant que problème de santé publique dans tous les pays d’endémie et l’interruption de la transmission (absence d’infection chez l’être humain) dans certains pays.

L’OMS axe sa stratégie de lutte sur la réduction de la morbidité au moyen de traitements réguliers et ciblés au praziquantel, dans le cadre du traitement à grande échelle (chimioprophylaxie) des populations touchées. Tous les groupes à risque bénéficient régulièrement du traitement. Dans quelques pays où la transmission est faible, l’objectif doit être l’interruption de la transmission.

Les groupes ciblés en vue d’un traitement sont les suivants :

  • les enfants d’âge préscolaire ;
  • les enfants d’âge scolaire ;
  • les adultes exposés au risque dans les zones d’endémie, et les personnes dont les activités impliquent un contact avec des eaux infestées, comme les pêcheurs, les agriculteurs, les personnes qui font des travaux d’irrigation et les femmes amenées à être en contact avec des eaux infestées en raison de leurs tâches domestiques ; et
  • l’ensemble de la population des communautés des zones de forte endémie.

L’OMS recommande de traiter les enfants d’âge préscolaire infectés à l’issue d’une décision diagnostique et clinique et de les faire bénéficier du traitement à grande échelle en utilisant la formulation pédiatrique du praziquantel.

La fréquence du traitement est déterminée par la prévalence de l’infection chez les enfants d’âge scolaire. Dans les zones de forte transmission, les traitements devront avoir lieu tous les ans pendant plusieurs années. Le suivi est indispensable pour déterminer l’impact des mesures de lutte.

Le but est de réduire la morbidité et d’enrayer la transmission pour parvenir à l’élimination de la maladie en tant que problème de santé publique : les traitements réguliers des populations à risque guérissent les symptômes bénins et évitent l’aggravation et la chronicisation de la maladie. La lutte contre la schistosomiase s’est néanmoins heurtée à un obstacle majeur : la disponibilité limitée du praziquantel, en particulier pour le traitement des adultes. Les données pour 2021 montrent que 29,9 % des personnes ayant besoin du traitement ont pu en bénéficier à l’échelle mondiale, la proportion d’enfants d’âge scolaire ayant besoin de la chimiothérapie préventive pour la schistosomiase qui ont été traités n’étant que de 43,3 %. Ceci représente une baisse de 38 % par rapport à 2019, en raison de la pandémie de COVID-19 qui a entraîné la suspension des campagnes de traitement dans de nombreuses zones d’endémie.

Le praziquantel est le médicament recommandé contre toutes les formes de schistosomiase. Il est efficace, sûr et peu coûteux. Même si des réinfections sont possibles après le traitement, le risque de contracter une forme grave diminue, voire disparaît lorsque le traitement est instauré et répété dans l’enfance.

Ces 40 dernières années, le praziquantel a été utilisé avec succès pour lutter contre la schistosomiase dans plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite, le Brésil, le Cambodge, la Chine, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, Maurice, Oman, la République islamique d’Iran et la Tunisie, entre autres. Dans de nombreux pays, il a été possible d’étendre le traitement de la schistosomiase au niveau national et d’avoir un impact sur la maladie en quelques années. Une évaluation de l’état de la transmission est nécessaire dans plusieurs pays.

Depuis 10 ans, les campagnes de traitement ont pris de l’ampleur dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne où vivent la majorité des populations à risque. Ces campagnes de traitement ont entraîné une diminution de près de 60 % de la prévalence de la schistosomiase chez les enfants d’âge scolaire (1)

Action de l’OMS

L’action de l’OMS contre la schistosomiase entre dans le cadre de l’approche intégrée pour lutter contre les maladies tropicales négligées. Malgré leur diversité clinique, ces maladies ont des caractéristiques communes qui leur permettent de persister dans des situations de pauvreté où elles se regroupent et se superposent fréquemment.

L’OMS coordonne la stratégie de chimioprophylaxie en consultation avec ses centres collaborateurs et ses partenaires, qu’il s’agisse des établissements universitaires et instituts de recherche, du secteur privé, des organisations non gouvernementales, des organisations internationales ou des autres institutions des Nations Unies. Elle met également au point des lignes directrices et des outils techniques destinés aux programmes nationaux de lutte.

En collaboration avec ses partenaires et le secteur privé, l’OMS a entrepris d’améliorer l’accès au praziquantel et d’obtenir des ressources pour la mise en œuvre des campagnes de traitement. Le secteur privé et les partenaires du développement ont ainsi promis des quantités importantes de praziquantel permettant de traiter plus de 100 millions d’enfants d’âge scolaire par an.

 


Kokaliaris C, Garba A, Matuska M, Bronzan RN, Colley DG, et al. Effect of preventive chemotherapy with praziquantel on schistosomiasis among school-aged children in sub-Saharan Africa: a spatiotemporal modelling study. Lancet Infect Dis. 2022 Jan;22(1):136-149. doi: 10.1016/S1473-3099(21)00090-6. Epub 2021 Dec 2. Erratum in: Lancet Infect Dis. 2022 Jan;22(1):e1.