Redynamiser la coordination du secteur de la santé à Madagascar

8 novembre 2023

Le système de santé malgache fait face à des crises et défis récurrents tels que les famines, les cyclones, les sécheresses et la prévalence du paludisme. La pandémie de COVID-19 a exacerbé cette situation en intensifiant les besoins urgents en matière de santé, notamment : accélérer la lutte contre les maladies tropicales négligées, faire de la lutte contre le VIH une priorité en mettant l’accent sur la population générale et les usagers de drogues injectables, réduire la mortalité maternelle grâce à l’amélioration des soins d’urgence, développer les compétences en matière de ressources humaines, améliorer la surveillance des maladies et renforcer le système national d’information sanitaire sur la base des investissements déjà réalisés. Les partenaires de développement, les pays, les organisations bilatérales et multilatérales et la société civile jouent un rôle essentiel à l’appui des priorités définies par le Gouvernement malgache en matière de santé. Cependant, il est nécessaire de mieux harmoniser et coordonner les interventions pour que le pays puisse relever efficacement les défis sanitaires auxquels il fait face.

L’enquête sur le cadre de suivi du Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous (Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3), qui a permis de recueillir les avis de gouvernements nationaux et des autorités malgaches compétentes, a joué un rôle déterminant en mettant en lumière la nécessité d’une coopération renforcée au sein des milieux de la santé. Cette enquête visait à évaluer dans quelle mesure les travaux des organisations multilatérales et des partenaires de développement étaient alignés sur les priorités nationales, ainsi que dans quelle mesure ces entités collaboraient dans un souci d’efficacité accrue. L’un des principaux défis mis en évidence par le Ministère malgache de la santé était la difficulté d’aligner les activités des partenaires techniques et financiers – dont les partenaires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 – sur les priorités du Gouvernement en matière de soins de santé.

Relancer la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé

Sur la base des résultats de l’enquête, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a entamé des discussions informelles avec les principaux partenaires techniques et financiers afin de relancer la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé existante. Cette plateforme réunit les agences du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3, notamment le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la Banque mondiale, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Gavi, l’Alliance du Vaccin et l’OMS. L’OMS et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en assurent la coprésidence. Parmi les autres membres figurent des représentants du Ministère de la santé, de la société civile et de bailleurs de fonds bilatéraux comme la France et l’Union européenne, d’organisations sanitaires internationales telles que Médecins du monde et Médecins sans frontières, et d’organisations de coordination sanitaire telles que PIVOT. Les objectifs, la vision, le mandat et la fréquence des réunions de la plateforme ont été examinés et fixés dans le cadre de consultations tenues avec les partenaires techniques et financiers. Le Fonds catalytique de l’OMS pour le Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 a apporté un soutien financier essentiel qui a permis de renforcer les mécanismes de coordination et de faire avancer les travaux menés par le Ministère de la santé dans les domaines techniques prioritaires.

Définition et alignement des priorités

Une réunion formelle de coordination du Ministère de la santé et des partenaires techniques et financiers s’est tenue en mars 2023. Y ont assisté 130 participants, principalement pour débattre de la définition et de l’alignement des priorités en matière de santé, à savoir notamment : accélérer la lutte contre les maladies tropicales négligées, faire de la lutte contre le VIH une priorité en mettant l’accent sur la population générale et les usagers de drogues injectables, réduire la mortalité maternelle grâce à l’amélioration des soins d’urgence, développer les compétences en matière de ressources humaines, améliorer la surveillance des maladies et renforcer le système national d’information sanitaire sur la base des investissements déjà réalisés.

Photos 1 et 2: Première réunion en présentiel post-COVID-19 du Ministère de la santé et des partenaires techniques et financiers, tenue à Antananarivo en mars 2023. ©Flora Dominique Atta/OMS Madagascar.

Mécanismes auxiliaires de coordination sanitaire

Parallèlement à la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé, le Ministère de la santé a créé plusieurs comités avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Ces comités sont conçus pour faciliter la planification stratégique collaborative et promouvoir une meilleure coopération entre les parties prenantes du secteur de la santé national. Quelques-uns de ces comités sont présentés ci-après.

  1. Médicaments et produits de santé : codirigé par l’OMS et le Ministère de la santé, ce comité se réunit chaque trimestre avec les partenaires techniques et financiers, ainsi qu’avec Salama Madagascar, l’agence nationale d’achat de médicaments. Les réunions visent essentiellement à répondre à la demande du pays en médicaments essentiels et à remédier aux problèmes d’accès.

  2. Surveillance : codirigé par l’OMS et le Ministère de la santé, ce comité se réunit chaque trimestre. Il pilote la collaboration entre les parties prenantes visant à coordonner les efforts nationaux de détection précoce, de vérification, d’évaluation et de communication des risques et menaces pour la santé, et il évalue en permanence les événements de santé potentiels.

  3. Vaccination : codirigé par l’OMS et l’UNICEF, ce comité contribue à réduire la morbidité et la mortalité dues aux maladies évitables grâce à la vaccination. Il réunit des agences des Nations Unies partenaires du Programme élargi de vaccination (PEV), des organisations de mise en œuvre de GAVI, des ONG et les partenaires techniques et financiers intéressés par la vaccination.

  4. Renforcement du système de santé : afin d’analyser en détail l’utilisation des données, les difficultés et les priorités au sein du secteur, sept (7) sous-comités ont été créés, dont le programme est aligné sur les priorités du système de santé. Les sous-comités suivants se concentrent sur des domaines spécifiques et organisent des réunions conjointes avec le Ministère de la santé pour examiner les problèmes de mise en œuvre : 

    - Sous-comité du leadership et de la gouvernance 
    - Sous-comité de la prestation des services
    - Sous-comité des ressources humaines
    - Sous-comité des systèmes d'information
    - Sous-comité des services, de l'infrastructure, du du matériel et de l’équipement de santé
    - Sous-comité du financement de la santé 
    - Sous-comité de la santé communautaire 

    L’OMS codirige avec le Ministère de la santé les sous-comités traitant du leadership et de la gouvernance et des systèmes d’information sur la santé, tandis que la Banque mondiale codirige ceux sur le financement de la santé et les ressources humaines pour la santé.

  5. Groupe sectoriel pour la santé : dans le cadre du système de coordination des urgences des Nations Unies, un groupe sectoriel pour la santé a été créé afin de parvenir à un consensus sur les priorités en matière de santé humanitaire et les meilleures pratiques connexes, et afin de renforcer les capacités à l’échelle du système. Dans un pays confronté à des crises humanitaires chroniques et vulnérable aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, le groupe sectoriel pour la santé joue un rôle primordial en assurant une riposte efficace et prévisible. Il est coprésidé par l’OMS et le Ministère de la santé.  
  6. Santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent : sous la direction du Ministère de la santé, ce comité sert à assurer le respect des engagements pris en matière de santé des femmes et des enfants. Il collabore étroitement avec divers départements du Ministère de la santé, y compris la Direction de la santé de la mère et de l’enfant, afin d’aligner les travaux sur les priorités et de suivre les progrès accomplis.
  7. H6+ : axé sur la planification et la mise en œuvre de systèmes, politiques et stratégies intégrés pour la santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent, H6+ est dirigé par le FNUAP. H6+ s’appuie sur les mandats et les forces des partenaires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3, notamment le FNUAP, l’UNICEF, l’ONUSIDA, l’OMS et la Banque mondiale. Y participent aussi l’Agence des États-Unis pour le développement international et ses partenaires, tels que Jhpiego. La direction de H6+ change chaque année, et le plan de travail annuel est aligné sur les priorités nationales et les engagements régionaux.

    Le Comité de la santé reproductive, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent est en contact avec H6+ par l’intermédiaire des partenaires techniques et financiers lorsqu’un besoin d’assistance technique ou des questions urgentes se présentent. 

Les agences du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 sont membres des comités dans la mesure où ces derniers relèvent de leurs travaux. Si une situation appelle une réaction politique ou stratégique, elle est inscrite à l’ordre du jour pour être examinée lors des réunions habituelles du comité concerné. Ce processus peut permettre de sensibiliser les membres du comité ou d’engager une conversation directe entre un représentant d’agence et le Ministère de la santé. L’information circule entre les comités sous forme de points inscrits à l’ordre du jour. Il en va de même pour les résultats ou les mesures de suivi des réunions des comités, qui font l’objet de points inscrits à l’ordre du jour des réunions de la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé.

Perspectives d’avenir

Il ressort des informations communiquées par le Ministère de la santé dans le cadre de l’enquête sur le cadre de suivi du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 qu’il est difficile d’aligner les activités des partenaires techniques et financiers sur les priorités du Gouvernement en matière de soins de santé, d’où le relancement de la Plateforme de coordination stratégique du secteur de la santé en concertation avec les partenaires. La Plateforme continue de recueillir les avis des comités et de faciliter la diffusion des informations pertinentes aux partenaires de développement bilatéraux et multilatéraux du pays, ainsi qu’à d’autres parties prenantes du secteur de la santé, dans le cadre de réunions trimestrielles régulières. 

En s’appuyant sur les mécanismes de coordination renforcés, et en collaboration avec le Département Résultologie de l’OMS, le Ministère de la santé a défini des priorités et élaboré des plans d’action conjoints, et continue de suivre les progrès réalisés dans les domaines prioritaires, de s’assurer que les partenaires connaissent les cibles à atteindre, les délais fixés et le budget alloué pour concrétiser les objectifs, et de recenser les domaines prioritaires qui prennent du retard ainsi que les communautés qui doivent être ciblées aux fins de l’assistance. En outre, à l’invitation du Ministère de la santé, l’OMS a mené une mission exploratoire à laquelle ont participé les trois niveaux de l’Organisation (Siège, bureaux régionaux et bureaux de pays), ainsi que des homologues nationaux, afin d’élaborer des plans visant à accélérer les travaux dans les domaines prioritaires.

Grâce à l’amélioration de la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé, le Gouvernement est mieux à même de s’attaquer aux priorités en matière de santé, de renforcer l’efficacité des systèmes de santé et d’assurer l’utilisation efficiente des ressources. La Plateforme définit plus clairement les rôles des partenaires de développement dans le secteur de la santé, et permet une plus grande transparence et une plus grande responsabilisation.

Les partenaires du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 continueront de tirer parti de la Plateforme stratégique de coordination du secteur de la santé et de ses comités connexes pour accélérer la mise en œuvre des priorités du pays en matière de santé.

Qu’est-ce que le Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 ?

Le Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous (Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3) est un ensemble d’engagements pris par 13 agences qui jouent un rôle majeur dans les domaines de la santé, du développement et de l’action humanitaire afin d’aider les pays à accélérer les progrès pour atteindre les cibles liées à la santé des objectifs de développement durable. La valeur ajoutée du Plan d’action mondial pour la réalisation de l’ODD 3 réside dans le renforcement de la collaboration entre les agences, qui permet à ces dernières d’adopter des mesures conjointes et d’apporter un appui plus coordonné et aligné sur les stratégies et plans nationaux pilotés et dirigés par les pays.